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En l'absence des hommes de Philippe BESSON
Au delà du panache et du culot qu'il fallait pour bâtir la
trame (simplissime) de ce court roman, et au delà de la dimension militante (?)
qui nous change des racleurs de back-rooms à la mode, c'est l'écriture qui frappe
dans ce roman. Légèrement déroutante sur les toutes premières pages, elle
s'impose avec une heureuse évidence jusqu'à la fin. Exacte. Épurée. Avec des
silences fulgurants. J'ai pensé à beaucoup de coups de cœur passés, à des styles
limpides et puissants. Sans jouer au jeu idiot des comparaisons, ce n'étaient que
des auteurs rares comme Stephen Hecquet ou Pierre Herbart, et il faut se réjouir
d'un nouveau talent qui apparaît. Et lorsque une écriture aussi ciselée analyse
sans en avoir l'air les sentiments les plus purs mais aussi les plus sombres,
les fulgurances du bonheur le plus absolu et du tragique le plus désespéré,
c'est un travail de diamantaire qui laisse une trace moins gratuite que Roger
Caillois dans Les Pierres. Un vrai coup de foudre : lumineux, aveuglant,
instantané, brulant... irrésistible. Merci à l'auteur.
Francis Gosset - Paris |
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Maurice d'Edward Morgan FORSTER
"- Je vous aime.
- Nous sommes anglais tous les deux. Ne dites pas de sottises." Ainsi Maurice
prétend-il échapper au danger, à l'amour qu'incarne un trop séduisant camarade
de collège. Mais ce "Je vous aime" ne le lâche pas. Durant trois ans, il
partagera, savourera, une "passion chaste qui se passe presque de caresses".
Vient le jour où le séducteur, aspirant à être heureux "comme les autres" rentre
dans les normes et se marie. Maurice suivra-t-il "le bon exemple" ? Non, un jeune
garde-chasse qui passait par là (plus de dix ans avant celui de Lady Chatterley),
l'entraîne dans les bois et la nuit, sur la piste d'un bonheur qui refuse et
défie les malédictions de ce monde. Jamais E.M. Forster ne consentit à publier
de son vivant cet apprentissage douloureux, ironique et triomphal.
( alapage.com ) |
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