Le Café Littéraire Plaisançois
 
 
 
Pourquoi j'ai mangé mon père
Roy LEWIS
Actes Sud 1993
 
 
 
 

A l'heure où les 35 heures veulent transformer le pays en vaste société de loisirs à la Disneyland, les SDF en plus, à l'heure du tout TéVé Sound-Dolby-System-Home-Cinema, à l'heure de la clim, du frigo qui dégueule de marchandises ogéméisées, de l'Adsl pour tout le monde. A l'heure de tout ça, nous souvenons-nous encore que nos lointains parents vivaient dans des arbres ?

C'est quoi l'histoire ?

Nous sommes à peu de choses près vers - 450 000 ans avant JC. L'Homo Erectus évolue doucement vers l'Homo Sapiens. L'Afrique est belle…, mais sauvage ! Fermez les yeux et imaginez votre famille dans cet environnement peuplé de grosses bêtes qui ne cherchent qu'à vous croquer. Vous venez tout juste d'abandonner les branches protectrices des arbres et votre principale (pré)occupation est la recherche de nourriture. Le problème est que vous êtes complètement démuni face aux prédateurs et vous vous contentez alors le plus souvent de racines et de fruits. Quelquefois, vous jouez des coudes avec les charognards pour récupérer de ci de là un peu de nourriture sur les cadavres. Vous accepteriez de telles conditions de vie ? Edouard lui ne peut s'y résoudre. Sympathique hominien chef d'une grande famille, il cherche à faire évoluer son espèce par tous les moyens. Malin (comme un singe ?) il part chercher le feu au bord d'un volcan et accède ainsi à un niveau de vie beaucoup plus élevé : une grande grotte, de la lumière même en pleine nuit et de la chaleur. Mais il ne s'arrête pas en si bon chemin. Il impose à ses fils d'aller chasser la femme dans une autre tribu et veut ainsi rompre avec les appariements familiaux. Ses fils, Oswald le chasseur, Ernest le spécialiste de l'introspection, Tobie l'amateur de géologie et Alexandre le naturaliste, l'aident selon leur spécialité à faire progresser ses trouvailles. La tribu a le feu mais ne sait pas comment en faire… Qu'à cela ne tienne, Edouard expérimente, met le feu à toute la forêt, mais trouve la solution. Malheureusement, ce Géo Trouvetou (r)évolutionnaire ne se fait pas que des amis, l'oncle Vania prône le respect de la Nature et des traditions et ses propres fils n'entendent pas non plus partager les découvertes du papa avec les autres tribus. Pourquoi j'ai mangé mon père ??? Vous le saurez en lisant le livre.

Alors Fred Sauton ?!?
Tu vas nous dire pourquoi il faut le lire ce livre ?

A la différence des autres livres traitant du même sujet, Pourquoi j'ai mangé mon père prend le parti de nous cultiver en nous faisant rire. Les personnages s'expriment comme vous et moi mais ils vivent dans la Préhistoire ! Et ça, ça change tout. Situations plus qu'hilarantes et dialogues inoubliables s'enchaînent alors au fil des pages. Ainsi à propos de la chasse : " L'ennui, c'était qu'elle (la viande) était toute sur quatre pattes. Et d'essayer de chasser la viande sur quatre pattes […] quand on essaie de se tenir soi-même difficilement sur deux, c'est littéralement un jeu d'andouilles. " Ou plus loin, à propos des repas : " Oser dire à maman qu'on ne voulait pas de ceci ou de cela, de la fourmi pilée, du crapaud mariné, c'était vouloir s'attirer une bonne baffe. " Pourquoi j'ai mangé mon père est également un joli conte sur la société, la famille, l'éducation et l'éternel débat entre ceux qui veulent faire bouger les choses et ceux qui pensent que " c'était mieux avant ". Le mot de la fin revient à Edouard parlant à ses fils : " Votre devise, nous disait-il gravement, ce doit être de donner à vos enfants, comme j'ai tenté de le faire, un départ meilleur que n'a été le vôtre. "

Ce que je ne vous ai pas encore dit

Pourquoi j'ai mangé mon père de Roy Lewis (Trad Vercors et Rita Barisse) est disponible chez Pocket. Il vous en coûtera la plus que modique somme de 4€27 pour 182 pages. Si vous hésitez encore je ne saurai que vous conseiller la lecture de la très bonne préface signée Vercors où ce dernier nous explique que ce bouquin lui a été conseillé par Théodore Monod en larmes au seul souvenir de certains passages du livre.

(chronique de Fred Sauton manosolo.net)