Le Café Littéraire Plaisançois
 
 
 
La dormeuse de Naples
Adrien GOETZ
éditions Le Passage et Points Seuil
 
 
 
  Prix des deux Magots 2004

Prix Roger Nimier 2004


 
 
 

La Dormeuse de Naples est, au même titre que La Léda de Michel-Ange, l'un des tableaux les plus mythiques de l'histoire de l'art. Le chef-d'œuvre disparu d'un grand artiste, voilà un sujet fascinant pour un écrivain. Encore faut-il le traiter avec talent ce dont Adrien Goetz ne manque pas, déjà auteur l'an dernier d'un étrange faux roman policier dans le domaine de l'art contemporain, Webcam.
Trois textes courts écrits par Ingres, Corot, et un collaborateur anonyme de Géricault nous content, par touches, la genèse de la toile et ce qu'elle devînt après la chute de Murat. Mais rien n'est sûr : très rapidement, les pistes se brouillent et se perdent. Un mythe doit le rester.

Qu'importe les libertés que prend Goetz avec l'histoire. Comme le disait Dumas, l'important est de lui faire de beaux enfants. On apprend donc avec étonnement que ce petit cachottier d'Ingres n'était pas l'homme rangé et un peu ennuyeux que l'on croyait. Il a multiplié les maîtresses - ce que l'on peut comprendre tant ses femmes ont dû être ennuyeuses - et a même connu, au sens biblique du terme, Joseph, le modèle noir de Géricault, qui joue également un rôle dans cette histoire.

L'évocation de la Rome de la première moitié du XIXe siècle, lieu de rencontre de tous les peintres de l'Europe, est une vraie réussite. Tout est faux, mais tout est vrai. Cette société secrète d'opérette, dont la cérémonie d'intronisation permet à Corot d'entrevoir un court instant la fameuse Dormeuse est proche de celles qui se multipliaient à cette époque, telle la Société Cipollésienne. La mystérieuse jeune femme qu'Ingres peint et dont il tombe amoureux est la sœur de ces lorettes dont les peintres faisaient leurs muses, leurs modèles et leurs maîtresses.

S'il fallait faire un seul reproche à Adrien Goetz, c'est qu'il écrit trop bien pour nous laisser croire qu'Ingres a pu nous laisser ces courts Mémoires. Grand peintre mais épistolier laborieux, il n'a pas le talent de plume d'un Delacroix. Ce reproche est, bien sûr, un compliment.

(Didier Rykner - latribunedelart.com)


Le personnage central du roman d'Adrien Goetz est le mystérieux et mythique tableau intitulé "La Dormeuse de Naples", tableau peint par Ingres, à Naples, pendant des mois et des mois, suite à la rencontre d'une jeune beauté près du port italien, vêtue de noir, avec des breloques en or. Entre Ingres et cette Napolitaine semble se dessiner une belle relation d'amour, jamais consommée, mais idéalisée par le peintre, élevée au statut d'icône. Alors, quand celui-ci découvre une réalité blessante, il devient fou, amer, jaloux. Par la suite, le tableau va disparaître, errer dans des galeries souterraines, sera exposer aux yeux d'étranges confréries secrètes, ou se balader entre Paris, Rome ou Naples, qu'importe... Ce tableau devient une énigme !
Le roman d'Adrien Goetz se compose de trois parties rédigées par Ingres, Corot et un élève de Géricault. A Ingres la responsabilité de la légende, aux autres la fascination d'une rencontre improbable, d'une quête à jamais aboutie, d'un mystère entier ! Cette Dormeuse fascine, envoûte, exacerbe les passions. Et ceux qui ont croisé sa route, croisé son regard de belle endormie, lascive, trop sexuelle pour ne pas être sensuelle, s'en sont mordus les doigts car cette peinture, portée disparue, sera édifiée au statut de mythe. Les hommes courent après elle, comme les rêveurs souhaitant décrocher la lune !

Ceci n'est pas un roman historique, note l'auteur, même s'il prend pour héros trois peintres historiques. Les oeuvres qu'on leur donne sont réelles, leurs aventures inventées et certains de leurs propos authentiques. L'auteur, peu soucieux d'exactitude, s'est essentiellement évertué à la vérité romanesque et nous offre ainsi un roman flamboyant et passionnant !

(Chez Clarabel)